En 2012, Baba Laddé, leader du Front Populaire pour le Redressement (FPR), a déposé les armes pour regagner le Tchad, répondant, ainsi à la politique de la main tendue prônée par Idriss Deby. Malheureusement, sa bonne foi, se heurte, à un prétendu appel à la paix du dirigeant tchadien. Il peine, depuis deux ans, à faire imposer aux autorités de Ndjaména, les accords parrainés, pourtant, par le Bureau Intégré de l'Organisation des Nations unies en Centrafrique et la Force multinationale de l'Afrique centrale.
Récompensé pour son retour à la « légalité », Baba Laddé a été nommé, conseiller chargé de mission à la primature sous le Gouvernement de Joseph Djimmangar. Un poste, qu’il a occupé provisoirement avant d’aller à l’étranger pour de raisons de santé.
Autorisé, à quitter le Tchad, avec un ordre de mission, il s’est retrouvé à l’étranger, mais subitement, privé des ressources pour payer ses soins, au même moment les gens proches d’Idriss Deby, sont envoyés en France, en Tunisie ou en Egypte dans le cadre des évacuations sanitaires à la charge de l’Etat.
Médiation nigérienne
Depuis Niamey où il s’est exilé, le régime de Ndjaména, a manœuvré pour destituer Baba Laddé de la tête d’un mouvement, dont, il est le fondateur. Contraint, il a sollicité l’arbitrage des autorités nigériennes dans le différend qui l’oppose à Ndjaména.
En février dernier, Baba Laddé, a, de nouveau, été accompagné par une délégation nigérienne pour retourner au Tchad où il était reçu par Idriss Deby. Toutefois, il est resté sans fonction.
Préfet de Grande Sido ?
Devant la proportion inquiétante, qu’a prise, le conflit centrafricain et face aux flux massifs des réfugiés et des déplacés qui fuyaient vers le Tchad, Idriss Deby, en bon stratège, a fait recours à Baba Laddé. Il lui a attribué un poste de préfet de Grande Sido, à cause de sa maîtrise du terrain de la zone Centrafrique-RCA-Soudan afin qu’il ramène la sécurité.
Le 19 juillet 2014, par un décret largement repris par la presse locale et internationale, l’opinion publique a appris la nomination de Baba Laddé comme préfet de la Grande Sido. Mais,trois mois, après sa nomination, il n’est toujours pas à son poste de préfet.
Idriss Deby et Régionalisme institutionnel
En effet, l’aile politique du FPR restée à l’étranger accuse Idriss Deby en affirmant qu’aucun moyen matériel, ni financier n’a été alloué à son leader pour prendre ses fonctions de préfet à la Grande Sido. Pour un membre du FPR qui a joint la rédaction du blog de makaila : « vous savez, Idriss Deby traite différemment les opposants qui rallient son régime. », il ajoute : « si vous êtes un opposant venu du nord du pays, vous bénéficiez facilement des promotions et si vous venez du sud, votre sort est scellé. »
Pour illustrer, son argumentaire, notre source évoque : «Regardez Dr Nahor, il a été nommé ministre pour un laps du temps et le voilà balayé, il traîne à Ndjaména comme un vulgaire citoyen. »
Que va-faire le FPR ?
Le Front Populaire le Redressement (FPR), resté un mouvement mobilisé sur le terrain. De l’avis de notre interlocuteur, les troupes du FPR, bien qu’éparpillées dans la nature, restent cependant une menace pour Ndjaména. « Nous suivons de près le cour de choses, saurons réagir le moment opportun. », a-t-il ce membre du mouvement depuis son exil.
D’après d’autres sources, le Gouvernement aurait demandé à Baba Laddé de se débrouiller lui-même pour regagner son poste, car, l’Etat ne dispose pas des moyens pour lui. Ces propos auraient sûrement mortifié, le leader du FPR, qui, de son côté, refuse de se rendre à Sido, si les moyens ne sont mis à sa disposition.
Négociations dans l’impasse
Entre l’ancien chef rebelle du FPR et le pouvoir d’Idriss Deby, les rapports sont souvent en dents de scie, à malin, malin et demi.
Parmi les opposants ayan regagné le régime, Baba Laddé est celui qui n’a pas sa langue dans sa poche et n’hésite pas de critiquer ou de relever les manquements à son égard.
Ce qui est sûr avec Idriss Deby, rien ne garantit aux transfuges politiques ou aux opposants armés, des relations apaisées et harmonieuses sans mépris. Car, une fois que vous au Tchad, vous devenez son paillasson.
La rédaction du blog de makaila